MEDOR

Elle marche sur ses talons le long du long corridor
En tenant en laisse Médor
Elle emmène sa pitchoune faire ses p’tits besoins dehors
A l’heure du grand hôtel qui s’endort
Elle jette un œil hagard au dernier client du bar
En rajustant son dernier cardigan noir
Elle passe comme un zombie devant le réceptionniste
Qui se dit " se doit être une artiste "
Elle pousse la porte vitrée d’un coup d’pied
Et elle se remet à respirer
L’air de la cote d’azur

Elle fume une cigarette sous le palmier ou Médor
A déposé sa crotte sacrée
Elle pense à ses amants qui glissaient dans son corps
Pour l’honorer de leur sève d’or
Au bon temps ou elle était encore
Le soleil capricieux du décor
Au temps de ses boucles d’or
Elle s’tape un vieux spleen comme un parfum d’naphtaline
En regardant passer une Austin
Avec quatre allumés qu’on l’air de bien s’amuser
Qui r’viennent du Twist Club d’à coté
Elle se dit qu’il y a quelques années
Ils l’auraient certainement invitée
Dans leur belle auto dorée

Elle tape du pied parterre en écrasant son mégot
Elle se dit qu’elle est bonne pour se faire tirer la peau
Lifting, acupuncture à HONG-KONG
Lifting, rajeunir sous les gongs
Parmi les geishas qui se chamaillent à Shanghai
Pour un marin tatoué à l’œil un peu canaille
Trié sur le volet de la racaille
Elle rêve à de nouvelles aventures
Mais pour elle c’est de plus en plus dur
L’air de la cote d’Azur
Elle a toujours dans le cœur un gros galet d’amertume
Tous ses amours ne sont plus que brumes
Elle remonte l’escalier relonge le long corridor
Beaucoup moins soulagée que Médor
Elle se met sous les draps avec son chichihuahua
Ollé contre son corps elle écoute son cœur qui bat
Et puis elle s’endort.